
La Colère et le chagrin
Qu’appelle-t-on « contrôler sa colère » ? Est-ce ne pas l’exprimer de façon violente ? Mais alors, que penser de ceux qui, sans jamais s’emporter, poussent au pouvoir, dans le secret de l’isoloir, des personnalités politiques qui expriment ouvertement leur colère contre certaines catégories de la population ? Il ne suffit pas de contrôler sa colère pour ne pas s’y abandonner.
Car, intime ou collective, il n’existe pas qu’une seule forme de colère, mais deux : l’une relève du combat pour la reconnaissance et la dignité, l’autre de la volonté de puissance. Pour sortir de la violence toxique de la seconde, il nous faut traverser la tristesse et accepter le chagrin. Et pour cela, s’aventurer dans le labyrinthe de nos expériences passées, là où coexistent des blessures jamais cicatrisées, des injustices inacceptables, des aspirations inassouvies, mais aussi des peurs cachées.
Poursuivant son étude des émotions, Serge Tisseron analyse la portée sociale de la colère et dénonce ses manipulations. Une réflexion stimulante qui interroge l’actualité, tant d’un point de vue collectif qu’individuel.